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Randonnées pédestres à faire au Bas-Saint-Laurent
Rédaction
Nathalie Le Coz, partage avec nous ses rencontres avec des Bas-Laurentiens qui ont tracé leur propre chemin.
La Sénescoupé dans les Basques
Une longue portion du sentier national sillonne les Basques, remontant la rivière Trois-Pistoles depuis la grève Morency. Les Pistolois aiment pique-niquer sur la grève ou se rafraîchir dans un bassin de la rivière au pied du Sault McKenzy. Ces chanceux vivent ces moments de grâce tout près de chez eux. Mais, il y a un autre lieu à découvrir un peu plus loin au sud. Il s’agit du tronçon de la Sénescoupé, un affluent de la Trois-Pistoles, entre le pont de Saint-Clément et le Moulin Beaulieu sur le rang Saint-Isidore.
D’une longueur de 4 km aller simple, il traverse une pinède mature qui donne à voir le fond de cette surprenante faille découpée dans le tuf, ces galettes de schiste rouge que la rivière a polies au cours des millénaires.
Elle y a creusé des marmites géantes qu’on verra partout où les rapides se transforment en cascades. Certaines invitent à la baignade. Le sentier descend au fond du canyon et longe les eaux vives.
Le boisé humide abrite une grande variété de champignons. Plus loin, une remontée raide donne la mesure du lieu qui tire dans les mollets. D’une plate-forme sur la crête, on voit les sauts où s’enfile le courant jusqu’aux eaux mortes au confluent de la Trois-Pistoles.
Au printemps, lorsque la rivière est gonflée, le spectacle est des plus impressionnants. Et le lieu est si sauvage! Pourtant, à l’approche du point de sortie, le sentier est en bordure d’un champ bien entretenu qui passe du vert tendre au doré à mesure qu’avance la saison. On est ici en pleine campagne. Certainement l’une des plus jolies au Québec!
Le Rocher Blanc en plein Rimouski
Ville pleine de surprises, avec son centre-ville animé, son port de mer, son quartier universitaire, ses résidents groupés en paroisses parfois modestes, parfois cossues, Rimouski possède des charmes discrets.
En amont de son front de mer tape-à-l’œil qu’on longe obligatoirement en voiture, sans trop savoir où s’arrêter pour le contempler, se cache une longue zone à peine aménagée en bordure de l’estuaire du fleuve.
Au-delà des stationnements et du sentier accessible aux personnes à mobilité réduite qui court sur près de 4 km le long du littoral, il y a des sentiers secondaires qui mènent à une longue batture herbeuse, des grèves, habitées par des hérons et tant d’autres oiseaux maritimes. Toujours en remontant le courant, cette portion du sentier connecte avec une section nommée le Rocher Blanc. Les vagues poussées par le vent d’ouest battent l’île Canuel et les rochers à fleur d’eau. Vers la pointe, de la moindre hauteur ou du moindre dégagement de cette portion boisée, on voit le relief du Bic. Tous les tons de gris bleu des falaises en forme de vagues suggèrent la majesté des profondeurs de champ. Sombre ou étincelant, le fleuve est partout.
On est immergé par sa présence, ses odeurs, sa puissance. La sortie du boisé, sur le rond-point d’un quartier résidentiel, met un terme au voyage … Un panneau nous apprend que ce sentier d’à peine 2 km est dédié à Bernard Voyer, explorateur natif de Rimouski. Il personnifie cette parenthèse en pleine ville comme une invitation au voyage…
L’Île aux Lièvres au large de Rivière-du-Loup
Toutes les îles du Saint-Laurent valent une visite pour la joie que procure le vent qu’on affronte au milieu de l’un des plus grands fleuves du monde. Mais, toutes ne sont pas accessibles. Plus sauvage que l’Isle-aux-Grues ou l’Île Verte, pour ne citer que celles-là, l’Île aux Lièvres est une destination singulière. Avec la possibilité de se loger en chalet ou de camper en plusieurs endroits sur cette île longue de 14 km, le sentiment d’évasion est total.
Juste la traversée en bateau un jour venteux a une saveur d’aventure. Et puis, tous ces oiseaux! Des milliers d’oiseaux qui crient et plongent pour se nourrir et nourrir leurs petits. Des guillemots à miroir, des marmettes et des petits pingouins qui volent en tous sens. Des cormorans juchés sur la roche qu’ils ont dénudée par des millénaires de fiente. Des goélands marins qui plongent à l’occasion sur les poussins d’eider pour remplir leur estomac creux. Et des centaines de ces poussins qui piaillent sur l’eau jour et nuit, entourés des mères qui protègent les crèches. Phoques et bélugas complètent le spectacle.
Sur l’île, des sentiers mènent vers les pointes aval et amont, et traversent du côté de la voie maritime au large. Le sentier de la Corniche est sans doute le plus costaud parce qu’il grimpe sur la crête de l’île. Mais l’effort vaut vraiment le coup. De là-haut, on voudrait défier les montagnes de Charlevoix, changer son métier pour celui de corsaire ou de trafiquant d’alcool, diriger la symphonie des sirènes de navires et des cornes de brume qui parviennent à nos oreilles. Toute cette agitation, bruyante et odorante, comble le marcheur comme une ode à la vie.
La Montagne du Fourneau dans le Parc national du Lac-Témiscouata
La belle bosse qui s’élève en face de Cabano, de l’autre côté du lac Témiscouata, a porté les noms de mont Wisik, puis mont Lennox, et montagne à Fourneau. Si son relief semble immuable, sa toponymie témoigne de la diversité des communautés qui l’ont fréquentée : Malécites qui y transitaient entre les fleuves Saint-Jean et Saint-Laurent, seigneurs anglais qui entreprirent la coupe forestière après la Conquête, puis colons du 19e siècle qui y extrayait du calcaire pour alimenter un four à chaux.
Autrefois, un traversier reliait Cabano à l’autre rive, au pied de la montagne, d’où l’on prenait la « Vieille route » pour rejoindre Saint-Michel-de-Squatec. Il y a près de cent ans, cette contrée lointaine et sauvage avait attiré Grey Owl, le légendaire ami des bêtes, qui s’y était réfugié un temps pour y réintroduire le castor en déclin. Aujourd’hui, un sentier traverse ce lieu où la nature est encore intacte.
Une portion de la randonnée grimpe sur le flanc de la montagne et traverse une forêt de pins rouges, propre, droite, agitée par le vent qui émet la plus calme des musiques. Ce sentier d’abord tracé et entretenu comme tronçon du Sentier national permet de le parcourir en longue randonnée, avec nuitées en refuge. La promiscuité de routes et du Centre d’accueil du parc national qui en gère maintenant l’accès donne la possibilité de ne marcher que cette portion assez courte. Elle offre des points de vue magnifiques sur le lac Témiscouata qui s’étire à perte de vue vers le sud.
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