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Les familles souches du Kamouraska
Vous vous nommez Gutierrez, N’Guyen, Newashish, ou Le Coz comme moi ? Peut-être vous demandez-vous ce que veut dire « famille-souche ». Le terme évoque la présence de racines. Mais, qu’en est-il des rameaux? Est-ce que l’arbre tient encore debout? Il est bien possible, en revanche, que le terme ait quelque écho en vous si vous vous nommez Tremblay, Bérubé, ou Girard.
Un ami du Saguenay, un certain Jeff Ouellet, m’a déjà dit que sa famille était originaire du Bas-Saint-Laurent. D’où tient-il ce savoir qui a franchi le mur du temps? Est-ce que l’un de ses « mononcles » a passé des heures dans les grimoires poussiéreux d’une société de généalogie pour rétablir cette mémoire familiale? Car, effectivement, les premiers Ouellet viennent de la Grande-Anse à La Pocatière.
La Pocatière

René Hoûallet, né à Vierzon en France, s’embarque pour la Nouvelle-France vers 1660 à l’âge de 16 ans. Il séjourne un temps sur l’Île d’Orléans, se marie une première fois à Anne Rivet qui décède en 1675, puis s’installe dans la seigneurie de La Pocatière où il épouse une veuve, Thérèse Mignault. Il y cultive, pêche, parraine quelques jeunes Malécites et engendre sans doute une ribambelle d’enfants.
Le voilà aujourd’hui ancêtre de 34 000 Ouellet (ou Ouellette) sur ce continent, incluant La Poune (Rose Ouellette). Et mon ami Jeff, ça va de soi! Voilà qui devient clair : l’une des définitions de « famille-souche » s’applique aux premiers Européens débarqués en Nouvelle-France, dont le patronyme est encore bien vivant aujourd’hui.
Rivière-Ouelle
Où est le lien avec le Kamouraska, demanderez-vous? Allez donc flâner dans le joli cimetière de Rivière-Ouelle et vous comprendrez.
Sous les grands arbres d’un Mémorial, vous y trouverez des sépultures et des plaques commémoratives à l’effigie de colons, arrivés de France, dont les noms vous seront familiers, que vous habitiez n’importe où au Québec : Pelletier, Dubé, Gagnon, Lévesque, Lizotte, Miville-Deschênes, Lebel, Boucher, etc.
Un peu plus loin vers l’est, sur la route 132, le site du Berceau du Kamouraska 1 rend hommage à d’autres familles établies là à compter de 1674 : les Hudon, Martin, Michaud, etc.

Coste des beaux prés
Une bonne cinquantaine de familles, d’abord établies à Québec ou à Château-Richer sur la « Coste des beaux prés », commencent au tournant des années 1670 à défricher des lopins de terre riches en varech au Kamouraska.
Ils ont tellement défriché que les arbres se font rares! Une balade au sommet de la Côte des Chats à Saint-Pacôme et un coup d’œil vers le fleuve en témoigne crûment. À perte de vue, les champs aux couleurs diverses forment un damier à peine ponctué par les monadnocks, ces petites collines de roche dure qui s’avancent en biais jusque dans le fleuve.

Ce qui est passionnant de cet intérêt pour le patrimoine familial, c’est qu’il nous plonge dans la vraie histoire, celle des petites gens qui exerçaient des métiers, de filles et de garçons qui se reluquaient d’un bout à l’autre du rang.
Celle d’un enchevêtrement d’histoires de vie tissées tellement serré qu’elles font ressortir les particularités de chaque famille, de certaines expériences, d’un mode de vie singulier.
Les Hudon sont des pêcheurs de marsouins et d’anguilles. Les Pelletier ont longtemps entretenu un rapport avec l’eau, notamment comme capitaines de goélettes au 19e siècle.
Jeanne Chevalier s’est mariée trois fois : veuve d’un premier mari, elle épouse un Lévesque, puis un Deschamps, qui ont tous deux voyagé sur le même bateau qu’elle en 1671 en provenance de Dieppe!
Le premier Grondin, natif du même village que Samuel de Champlain en Charente-Maritime, s’installe à La Pocatière, juste à l’ouest de l’actuel sanctuaire de Fatima; le recensement de 1681 mentionne qu’il possède un fusil, trois bêtes à cornes et un arpent de terre.

Le Kamouraska et la Grande-Anse
Si cette exploration des familles pionnières du Kamouraska allume votre curiosité, sachez qu’un livre les documente, et qu’un circuit de onze stations numériques en font le récit, au beau milieu du territoire où elles ont vécu 2.
De plus, à La Pocatière, un centre d’archives régional offre aux chercheurs une foule d’informations à découvrir 3.
Partant à la découverte de villages authentiques et coquets le long du fleuve, vous foulerez le terreau d’un des berceaux de l’Amérique française.
Références :
1 Site Berceau du Kamouraska
[https://leplacoteux.com/lieu-de-memoire-le-berceau-de-kamouraska]
2 Le Kamouraska et la Grande-Anse, Serge Lambert et Doris Girard avec la collaboration de Maude Gamache-Bastille, collection Passeurs de mémoire publié aux Éditions GID.
Circuit Marqueurs Familles
[https://filrougeinc.com/nos-projets/le-marqueur-famille]
3 Archives de la Côte-du-Sud
[https://www.archivescotedusud.ca]
[https://www.facebook.com/shcds]
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