Tourisme Bas-Saint-Laurent

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Le temps du crabe

Le crabe des neiges, ce mal-aimé devenu célébrité !

Marie-Andrée Parent

Rédaction

Marie-Andrée Parent, Fascinée par l'histoire, elle raconte notre propre histoire avec sa plume inspirante.

Autrefois paria, rejeté à l’eau ou vendu pour presque rien – « 25 ¢ le crabe ! », m’a dit un vétéran pêcheur –, la saison du crabe des neiges est aujourd’hui attendue avec encore plus d’impatience que le printemps dans le Bas-Saint-Laurent ! 

Dans la région, nul besoin de consulter le calendrier pour savoir quand le crabe frais arrive : les files d’attente devant les poissonneries locales en disent long… Les amateurs de ce délice de la mer n’hésitent pas à faire le pied de grue pour être les premiers à déguster la saveur riche et délicate, la tendre texture effilochée de ce trésor des eaux froides et profondes de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent.

Le crabe des neiges – chionoecetes opilio pour les intimes – est l’espèce la plus abondante et la plus pêchée de la famille des crabes.

Ceci dit, il est essentiel de ne pas confondre le crabe des neiges avec le crabe royal d’Alaska. Comptant ses deux pinces, le crabe des neiges est un crustacé décapode – il a dix pattes – alors que le crabe royal n’en a que huit. Le crabe royal est le plus gros crustacé du monde – certains peuvent atteindre 10 kilos ! – alors que les plus gros crabes des neiges pèsent environ 1,5 kilo. Les pattes du crabe des neiges sont plus longues et fines que celles du crabe royal qui a une carapace plus dure, plus piquante que celle du crabe des neiges. Avant la cuisson, le crabe des neiges est de couleur brun olive, alors que le crabe royal est aussi appelé red king crab!

Le crabe des neiges préfère les eaux froides et évolue à des températures entre -1 et 7 °C à des profondeurs de 50 à 600 mètres sur des fonds le plus souvent sablonneux ou vaseux. Pas étonnant qu’il aime tant le Saint-Laurent ! 

La pêche au crabe se fait à l’aide de casiers qui ont la forme d’un cône inversé doté d’une ouverture sur le haut. Chaque casier contient de l’appât un sac de bouette ! – pour attirer les crabes qui tombent… dans le casier. Il faut préciser que la population de crabes est étroitement surveillée et que des mesures de conservation strictes sont appliquées partout sur le territoire. Les quotas sont révisés chaque année et les pêcheurs doivent trier leurs prises en remettant les mâles immatures et les femelles à l’eau. 

Parlant de remise à l’eau…  Bien avant que la pêche au crabe des neiges au Québec ne devienne l’industrie florissante qu’elle est aujourd’hui – elle représente 60 % des exportations totales, tous produits marins confondus*, le crâââbeavait une bien mauvaise réputation. Pas parce qu’on n’appréciait pas son goût raffiné, mais parce que l’attraper demandait trop d’efforts pour le peu de chair comestible qu’il offre. De plus, les gens n’étaient pas encore intimes avec chionoecetes opilio… 

Pour la petite histoire, la pêche au crabe des neiges au Québec a débuté dans les années 1960 près de Gaspé. La pêcherie s’est développée au fur et à mesure que de nouvelles concentrations de crabes étaient découvertes, mais c’est surtout au cours des années 1980 que les Japonais – eh oui ! – ont réussi à faire connaître le crabe des neiges au grand public international, incluant le Québec, en quête de nouveaux délices gastronomiques.

C’est ainsi que la fièvre printanière du crabe des neiges a commencé à se propager et que ce mal-aimé est devenu cette vedette de nos assiettes ! 

Cette année, c’est le 24 mars qu’a débuté la pêche au crabe dans la zone 17 qui s’étend de Rivière-du-Loup à Rivière-à-Claude. Elle se poursuivra jusqu’à la mi-mai pour un total de 1 674 tonnes à capturer.